HappyGayTV ne vous donnera jamais de consigne de vote. Chacun est libre, en toute conscience, de choisir le parti ou le candidat qui lui convient. Toutefois, il nous semble essentiel de revenir sur deux déclarations du ministre de l’Intérieur du premier gouvernement Barnier, Bruno Retailleau. Au-delà des clivages politiques, ces propos menacent directement nos libertés et notre République, car ils annoncent un véritable changement de paradigme.
Ce qui a été peu mentionné dans la presse et dans les autres médias, c’est l’influence marquée du christianisme dans le gouvernement français de Monsieur Barnier, et plus précisément des catholiques. Mais attention, il ne s’agit pas de n’importe quel christianisme, mais bien de sa branche la plus conservatrice.
Parmi ceux-ci, Bruno Retailleau, nommé ministre de l’intérieur, et issu des bancs du lycée Saint-Gabriel de Saint-Laurent-sur-Sèvre, dans le département de la Vendée, établissement dont l’enseignement représente l’une des trois branches de la spiritualité montfortaine et mariale (source Wikipédia).
Dans ce contexte, les récentes déclarations du ministre de l'Intérieur du premier gouvernement Barnier, ont de quoi glacer le sang. Indépendamment des clivages politiques, cet homme pourrait représenter une réelle menace pour la République et, disons-le, pour notre santé mentale. Lisez cet article et faites-vous votre propre idée. Décryptage.
De l’ordre dans les esprits
À peine nommé, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé son intention de rétablir l’ordre. Voici ce qu’il a déclaré : «L’ordre dans les rues, l’ordre aux frontières, l’ordre dans les esprits aussi» ! C’est cette dernière partie de la phrase qui a principalement fait bondir toute l’équipe d’HappyGayTV, et voici pourquoi. L’ordre est une notion fondamentalement subjective. Chacun a sa propre définition de ce qui est "ordonné" ou "juste". Comme on dit, chacun voit midi à sa porte. Certains s'accommodent d’un joyeux désordre, ne rangeant leur espace de vie que par nécessité quand le chaos devient trop envahissant. D’autres, au contraire, sont obsédés par l’ordre, mais même dans ce cas, la vision de l’ordre varie d’une personne à l’autre. Dans cette deuxième catégorie, il est certain que personne ne mélangera torchons et serviettes, mais tout le monde ne les rangera pas au même endroit. En somme, l’ordre est une notion relative, à géométrie variable. Imposer un ordre unique et plus particulièrement dans les esprits, revient à adopter des méthodes que l’on retrouve dans les sectes ou les régimes totalitaires, un véritable lavage de cerveau en quelque sorte ! Mais alors, quel ordre Monsieur Retailleau veut-il réellement instaurer ?
Un ordre de droit divin
Bruno Retailleau appartient à une droite catholique extrême, celle des catholiques traditionalistes. À l’image de leurs homologues évangéliques, pentecôtistes et baptistes, leur ambition est de rétablir "l’ordre divin". Oui, la loi de Dieu. «Que ton règne vienne…», c’est leur obsession. Pour mieux comprendre, il faut savoir que chaque grandes religions monothéistes, dispose d’un code pénal et civil. Pour illustrer mon propos, prenons un exemple bien connu, tiré de la Bible, dans le nouveau testament, dans l’Évangile de Jean (8,1-11) : celui de la femme adultère. Selon les règles de l'Ancien Testament (Lévitique 20:10-12), prise sur le fait, elle aurait dû être lapidée. Heureusement, elle fut présentée à Jésus, qui, dans un geste de miséricorde, lui épargna cette fin tragique, lui demandant seulement de ne plus pécher.
Cet épisode des évangiles nous laissent donc entrevoir nettement, de quelle nature était le droit, dans cette partie du monde, au temps de Jésus. Mais ne nous y trompons pas, d’autres déclarations de Retailleau ne laissent aucun doute sur son désir de restaurer ce fameux "droit divin".
L’État de droit et le sacré
En effet, ce dernier a aussi déclaré : "L’État de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré !" Un propos qui mérite d’être scruté à la loupe. Si l’État de droit n’est plus perçu comme intangible, alors quelles nouvelles règles viendront le remplacer ? Le choix du mot "sacré" est particulièrement révélateur. Par définition, "sacré" fait référence à la religion : "ce qui appartient à un domaine interdit et inviolable, vénéré religieusement". En d’autres termes, Retailleau oppose le droit républicain, qu’il considère profane et temporaire, au droit divin qu’il souhaite restaurer, irrévocable et "sacré". Ce qu’il propose en filigrane, pour influencer nos esprits, ce n'est donc ni plus ni moins qu’un retour en arrière : la fin de la laïcité, la réouverture du débat sur la séparation de l’église et de l’État, un renversement complet de la loi de 1905. En résumé, ce serait le retour à la peine de mort, la remise en cause des droits durement acquis par les femmes, la fin de l’IVG, et un effacement total des droits LGBT… mais ça, on s’en doutait déjà !
Un ordre à géométrie variable
Mais ce fameux "droit divin" que Retailleau et ses acolytes cherchent à imposer, n'est-il pas lui aussi à géométrie variable ? Prenons un exemple bien concret : qui, de nos jours, oserait appliquer cette loi tirée de la Bible, plus précisément de l'Ancien Testament, dans le livre du Deutéronome (21:18 et 21:21) : « Si un homme a un fils indocile et rebelle, n'écoutant ni la voix de son père, ni celle de sa mère, même après avoir été châtié, [...] tous les hommes de sa ville le lapideront jusqu'à ce qu'il meure... » ?
Ce genre de préceptes nous ramène tout droit aux périodes les plus sombres de l’histoire, comme l’Inquisition, voire à des pratiques encore en vigueur aujourd'hui sous l'égide d'autres textes dits "sacrés", souvent interprétés de manière fondamentaliste, comme c’est le cas dans certains pays, comme l'Afghanistan, pour ne pas le citer. Ce que vous aurez certainement compris, c’est que l’interprétation arbitraire des écritures, soit en choisissant d’ignorer certaines règles, soit en les appliquant aveuglément, nous ferait plonger dans un règne de l’arbitraire et de l’autocratie, bien loin des valeurs républicaines que nous défendons.
Le paradoxe des intégristes
Le véritable paradoxe dans tout cela, c’est que les positions de Retailleau, largement partagées par d’autres figures de l’extrême droite comme Éric Zemmour (Reconquête) et les catholiques traditionalistes, sont en totale contradiction avec les enseignements de Jésus. Jésus, qui a mis fin aux lois de l’Ancien Testament en prêchant un message d’amour universel et ouvrant une nouvelle ère, celle du nouveau testament. Pourtant, ces intégristes religieux veulent soumettre les femmes, haïssent les gays, les trans, les étrangers, et certains n'hésitent même pas à afficher leur antisémitisme. Alors, une question s’impose : comment peuvent-ils se prétendre chrétiens ? Car être chrétien, c’est être disciple du Christ, celui-là même qui a dit : "Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. C'est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres." (Évangile de Jean 13:34-35, Bible, traduction Louis Segond).
L'antisémitisme, un non-sens chrétien
Mais alors, comment osent-ils se dire disciples du Christ tout en propageant autant de haine ? Et pire encore, comment certains d’entre-eux peuvent-ils être antisémites alors qu'ils vénèrent Jésus, le fils de Dieu, qui était lui-même juif, tout comme sa mère, la Vierge Marie, et les apôtres ? Même Saint Pierre, leur premier pape, était juif ! Comment ces catholiques intégristes peuvent-ils se retrouver dans une telle contradiction, en reniant les fondements mêmes de la religion qu'ils prétendent défendre ?
Le silence des Évangiles sur les LGBTQIA+
Comment peuvent-ils à ce point oppresser les femmes et détester la communauté LGBTQIA+, alors que, sauf erreur de ma part, concernant cette dernière, pas un seul verset des Évangiles ne rapporte que Jésus ait condamné ou même exhorté ces personnes à se "repentir" ou à suivre un prétendu "droit chemin". Rien. Certes, dans le nouveau testament, l’Épître aux Romains en parle, mais ce ne sont pas les paroles du Christ lui-même.
Quel ordre divin ?
On peut alors se demander, quel "ordre divin" veulent-ils imposer ? Celui prêché par Jésus, fait d’amour et de compassion, ou celui de la haine et de la violence que l’on retrouve dans l’Ancien Testament ? Devant tant de contradictions, je me demande bien qui a réellement besoin de remettre de l’ordre dans son esprit.
Heureusement, le Premier ministre Michel Barnier a eu la sagesse de déclarer, sur France 2, au micro de Laurent Delahousse, que sa priorité est la santé mentale des Français. Une décision des plus judicieuses. Espérons simplement que Monsieur Retailleau soit l’un des premiers sur la liste des consultations, car il semble, lui aussi, avoir grandement besoin de remettre de l’ordre dans son esprit !
Marco DRION
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Crédit photo originale : Jean Baptiste DOAT
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