Venue tout droit des États-Unis des années 60, l’expression coming-out est en fait la contraction de « come out the closet » qui signifie littéralement « sortir du placard ». Le placard, c’est l’endroit où l’on se planque, celui où l’on se cache, où l’on se réfugie. Pourtant l’histoire du coming-out montre que l’expression, ancrée dans la communauté homosexuelle, n’a pas toujours eu exactement cette signification.
Ce placard, qui permet de se protéger des regards, est aussi celui dans lequel on étouffe. Le besoin d’en sortir, d’assumer de ne pas correspondre à la norme hétérocentrée est souvent confronté à d’autres paramètres : la violence qu’un entourage homophobe peut faire subir, les conséquences au travail, la dépendance financière à des parents homophobes, transphobes, etc.
Même si le coming-out peut définir, d’une façon générale, le fait d’annoncer ouvertement une caractéristique personnelle jusque-là tenue secrète, il reste profondément lié aux personnes gays, lesbiennes, non-binaires, bisexuelles, transgenres, etc.
Dans la culture gay, c’est un passage quasi-obligatoire pour s’affirmer dans une société façonnée autour des normes hétérosexuelles. Une personne désignée comme in se définit comme homosexuelle, transgenre, non-binaire ou asexuelle, mais ne l’annonce pas et ne le vit pas ouvertement par peur du rejet, des discriminations ou même des persécutions. À l’inverse, une personne out ne dissimulera pas son orientation sexuelle ou son identité de genre.
Faire son coming-out [lien interne vers la page pilier sur les termes « Faire son coming-out » dans le texte] consiste donc à passer d’un état à l’autre.
Au-delà de la traduction, se demander « qu’est-ce que le coming-out », c’est aborder la question de la visibilité des LGBTQ+ et de toutes les personnes appartenant à des minorités sexuelles.
Sommaire
- Coming-out : définition et histoire
- Orientation sexuelle et coming-out
- Être transgenre ou transexuel et faire son coming-out
- Annoncer sa non-binarité
Coming-out : définition et histoire
Coming-out the closet, que l’on abrège en « coming-out », c’est aujourd’hui l’expression courante pour désigner quelqu’un qui annonce ouvertement son orientation sexuelle ou sa transidentité.
Au départ emprunté ironiquement au monde des jeunes filles de bonne famille qui faisaient leur entrée dans le monde à l’occasion du bal des débutantes, selon l’expression « come out into society », le terme a évolué.
Dans les années 60, et probablement en lien avec l’expression anglaise « skeleton in the closet », qui désigne quelque chose que l’on veut taire, cacher ; l’expression change de signification dans la communauté gay.
Elle change d’orientation pour non plus désigner l’entrée dans le monde gay, mais la révélation au monde d’un secret jusque-là gardé caché. C’est l’un des points qu’explique brillamment George Chauncey dans cet entretien. L’auteur, qui a étudié l’histoire des lieux gays et mouvements homosexuels à New-York, fait le point sur l’avancée de ses recherches et ses réflexions, en particulier en ce qui concerne la sémantique.
Aujourd’hui encore, la définition de coming-out la plus couramment adoptée est celle choisie par le Larousse : « révélation par une personne de son homosexualité ». Non pas l’entrée dans le monde gay, mais une révélation, un dévoilement par l’annonce.
Orientation sexuelle et coming-out
Même s’il l’on évoque souvent le coming-out au singulier, il est évident pour les personnes concernées qu’elles vont en vivre de nombreux. Au sein du cercle amical, auprès des parents, parfois dans le monde professionnel, lors de nouvelles rencontres, etc.
Même si le coming-out a d’abord concerné les hommes gays, la communauté lesbienne et les femmes et hommes bisexuels sont aussi fortement confrontés à ce moment fort et symbolique. Quelle que soit l’orientation sexuelle, l’affirmer ouvertement et l’assumer confronte à des problématiques particulières comme :
- L’acceptation par soi-même ;
- L’annonce ou non à son entourage ;
- La peur du jugement et du rejet ;
- La réaction aux préjugés et discriminations ;
- La nécessité de trouver la place où l’on peut être soi-même.
Cependant, une lesbienne qui fait son coming-out ne rencontre pas exactement les mêmes situations et problématiques qu’un gay, tout simplement car chacun ne fait pas face aux mêmes préjugés.
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Être transgenre ou transexuel et faire son coming-out
Comme pour les coming-outs liés à l’orientation sexuelle, il n’existe pas de guide pour réaliser le coming-out trans parfait. Ce moment, ou plutôt ces moments, ne seront ni tout blanc ni tout noir. Il y aura du positif, du négatif, des interrogations et parfois de belles surprises aussi.
Ce qui est sûr, c’est que les droits des trans progressent petit à petit en France.
Après une condamnation en 1992 par la Commission européenne des Droits de l’Homme pour non-respect de la vie privée, la France élargit le droit au changement de sexe à l’état-civil. Jusque-là, un homme ou une femme transgenre ou transexuel devait systématiquement se justifier sur la différence entre son apparence et le sexe attribué légalement sur ses papiers d’identité.
Même s’il est maintenant pleinement légal en France de vivre ouvertement sa transidentité, le chemin pour l’assumer ouvertement reste long et la lutte contre les discriminations un combat permanent. Être entouré de personnes bienveillantes, qui essayent de comprendre ce que la personne transgenre ou transsexuelle, vit demeure essentiel.
La solitude, le silence et le déni ne permettent pas d’atteindre un état de bien-être dans sa vie. Comme pour toutes les questions LGBT+, les notions d’acceptation et d’exclusion, mais aussi d’éducation, sont au cœur du sujet.
Annoncer sa non-binarité
Encore mal compris par beaucoup, la non-binarité désigne les personnes dont l’identité de genre n’est ni féminine ni masculine. Elle dépend de la façon dont la personne concernée se ressent et n’a rien à voir avec son orientation sexuelle.
En réalité, c’est même parfois à chaque nouvelle rencontre qu’elles doivent nommer et expliquer leur non-binarité. Cette part d’éducation, qui peut parfois être ressentie comme de la justification, ajoute un poids en plus sur les épaules des personnes concernées. Ne pas en parler serait donc beaucoup plus simple sur le moment.
Cependant, pour l’acceptation de soi, réaliser son coming-out lorsque l’on est non-binaire est un grand soulagement. L’utilisation de pronoms neutres, les accords féminins ou masculins selon les choix de la personne concernée, parfois le remplacement du dead-name (le prénom donné à la naissance qui ne correspond plus à l’identité de genre) : ce sont des éléments du quotidien qui, acceptés par l’entourage proche, permettent une meilleure acceptation et qualité de vie pour une personne non-binaire.
Même s’il n’existe pas un guide du coming-out qui permette d’en donner une définition universelle et un mode d’emploi reproductible, l’acceptation apaisée de son homosexualité, de sa bisexualité, de sa non-binarité ou de sa transidentité est la condition essentielle pour mettre toutes les chances de son côté et bien vivre l'après . Rien de tel que d’être entouré par des gens qui nous comprennent et nous acceptent pour y parvenir.
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