Comment savoir si l’on est gay ? Peut-on être lesbienne à 12 ans ? Un coming-out à 40 ans est-il encore possible ? Parmi les nombreux questionnements autour du coming-out, l’âge tient une place souvent centrale. Est-ce trop tôt ? Trop tard ? Suis-je trop jeune pour savoir si je suis homosexuel ? Suis-je trop vieux ? Et c’est là que l’on oublie que s’assumer est un chemin qui se fait de l’intérieur et qui doit s’affranchir des pressions comme celle-ci. L’âge pour faire son coming-out est celui où tu oses assumer ton orientation sexuelle en toute sécurité. Il dépend de toi, de ta vie, de tes choix.
Faire son coming-out à 12, 14 ou 16 ans
En plongeant dans nos souvenirs d’enfance, parfois même dès l’école primaire ou maternelle, nos premiers coups de foudre nous reviennent en mémoire. Une lettre d’amour pour une autre petite fille, une attirance inexpliquée pour cet autre petit garçon… le mot « homosexuel » n’est pas forcément dit, il n’existe d’ailleurs peut-être pas encore dans l’esprit des enfants. Pourtant, la réalité est là.
Il n’y a pas d’âge pour aimer
Les enfants à tout âge ont des sentiments, et c’est tout à fait acceptable pour les hétérosexuels. Il n’est pas rare d’entendre « Oh ! Tu as un amoureux à l’école ? » ou « Il aime bien taquiner cette fille, je crois qu’elle lui plaît ». Si les petits sont capables de ressentir de l’amour pour d’autres enfants du sexe opposé, pourquoi seraient-ils trop jeunes pour en ressentir pour une personne du même sexe ?
D’ailleurs, la mannequin et actrice australienne Ruby Rose a fait son coming-out à 12 ans auprès d’une amie, puis de sa mère. Elle savait déjà avec clarté ce qui l’attirait ou non.
Loin de se poser initialement toutes ces questions sur l’hétérosexualité, l’enfant se contente d’aimer. Mais quand vient le temps de l’analyse, de la comparaison aux autres, de la peur d’être rejeté en faisant différemment de la majorité, les points suivants peuvent conduire à de l’homosexualité refoulée, voire de l’homophobie intériorisée :
- S’il n’a jamais été évoqué dans toute l’éducation de l’enfant, la possibilité qu’un garçon tombe amoureux d’un garçon ou que deux filles s’aiment entre elles ;
- Un environnement familial ouvertement homophobe et lesbophobe ;
- Le harcèlement vu ou vécu de comportements jugés homosexuels.
Accepter de ressentir des sentiments ne veut pas dire être prêt à affirmer « je suis bi » ou « je suis gay ». Prends le temps qu'il te faut pour t'accepter déjà et être le mieux possible avec toi-même.
La nécessité de parler d’homosexualité au collège
Les établissements scolaires, que ce soit collège ou lycée, sont des lieux pleins de comportements stéréotypés, où il peut être difficile de s’accepter soi-même. Des visions presque caricaturales des hommes et des femmes y circulent et il est compliqué de s’en détacher, sous peine d’être exclu. Mieux vivre les changements de son corps, découvrir et assumer qui l’on est, se forger une personnalité propre… Tant de défis auquel l’adolescent doit faire face.
En parler c’est parfois l’occasion de se sentir plus fort, libéré de la peur d’être découvert, de faire sauter ce point de pression qui y est lié.
Il existe des associations homosexuelles, comme Contact en France, qui intervient dans les établissements scolaires. Leur rôle est non seulement d’informer, de diffuser les connaissances pour combattre les préjugés homophobes, mais également d’être un véritable soutien pour les jeunes homosexuels qu’ils osent ou non s’assumer.
C’est aussi l’ambition d’HappyGayTV : offrir un espace d’échanges, de soutien et d’informations à toutes celles et tous ceux qui se questionnent sur leur identité sexuelle. Ensemble, à travers un regard positif, nous parlons de sujets LGBTQI en toute sincérité, sans jugement.
Faire son coming-out à l’âge adulte
Que tu t'identifie comme homosexuel bisexuel, trans ou non-binaire, la sortie de l’enfance peut être le déclencheur de ce besoin de s’affirmer.
Amélie Mauresmo a été l’une des premières lesbiennes à réaliser son coming-out dans le milieu sportif français. Réalisé à 19 ans, en célébrant la finale de l’Open d’Australie, puis en posant avec sa compagne en une de Paris Match. Pour elle, tout était déjà clair dans sa tête, son homosexualité était assumée dans le cercle privé, mais pas affichée. Comme si la personne pouvait être radicalement différente dans son espace privé et public. Un dédoublement de personnalité qui a pris fin lorsqu’elle a couru embrasser celle qu’elle aime pour partager spontanément ce moment de joie sportive.
Plus récemment (eh oui, Amélie Mauresmo ne parle pas forcément à toutes les générations), Amanda Stenberg, l’actrice, qui a joué dans la série de films Hunger Games, a réalisé son coming-out à 18 ans. Ouvertement lesbienne, elle évoque dans cet interview en anglais la première fois où elle a ressenti une attirance pour les femmes à l’âge de 10 ans.
Ne nous voilons pas la face, l’indépendance financière et la sortie d’un espace familial parfois hostile aux amours homosexuels sont des raisons suffisantes pour enfin oser aligner qui l’on est à l’intérieur et ce que les autres voient de nous. Et puis, il y a aussi plus de chance d’être pris au sérieux à partir d’un certain âge, comme si l’orientation sexuelle était une mode, une période amusante à tester à l’adolescence.
N’oublions pas que faire son coming-out peut aussi signifier se positionner sur un spectre LBTGQI et évoluer au cours de sa vie à l’intérieur. Et cela ne dépend que de toi et de la façon dont tu te définis toi-même.
Tu peux même commencer à t'exprimer comme homme gay, femme lesbienne, bisexuelle, transgenre… dans des lieux de confiance, au sein d’une communauté homosexuelle bienveillante où règne la tolérance comme sur notre Hot-Line, notre messagerie interne en nous laissant un message audio ou vidéo.
Faire son coming-out à 40 ans, ou après
Une vie de famille bien rangée, un couple, des enfants et un achat immobilier, ou peut-être juste la longue complicité d’une relation amoureuse qui dure depuis toujours. Et un matin, ce n’est plus possible de continuer. Il devient essentiel, vital d’assumer son homosexualité. Est-ce trop tard ? Est-ce que le moment est définitivement passé ? Est-il possible de faire un coming-out tardif ?
Vivre dans le mensonge tant d’années va forcément faire des dégâts dans ton entourage, mais surtout tu as déjà fait beaucoup de mal. Rétablir la réalité de tes ressentis, de qui tu es, est aussi important que le bien-être des autres. Tu as le droit, quels que soient ta situation et ton âge de vivre ouvertement ton homosexualité.
Pour t'aider à sortir du placard le plus sereinement possible, voici quelques conseils :
- Rapproche-toi des communautés LGBT ;
- Lis, écoute, découvre des témoignages de pères et mères de famille qui ont réalisé un coming-out tardif ;
- Fais le point sur ta situation : dépendance financière vis-à-vis de ton conjoint, risques de violence, possibilités de dialogues, etc.
- Choisis ou non de révéler ton homosexualité à ton conjoint ou conjointe ;
- Sélectionne ce que tu donnes comme informations à tes enfants, quand et dans quelles conditions.
L’important est que tu puissies avoir le contrôle sur les informations que tu divulgues pour faire les choses à ton rythme.
Est-il trop tard ? Allez dire cela à Kenneth Felts, qui est sorti du placard à 90 ans. Il évoque les souvenirs enfouis qui ressurgissent, son premier amour Philip et sa peur de perdre les gens. Il a toujours mené une vie d’hétérosexuel bien rangée, par peur des combats à mener, en particulier dans les années 1950, où trouver des soutiens LGBT était quasi impossible.
L’acceptation de l’homosexualité, à commencer par soi-même, ne dépend pas du nombre d’années au compteur. Se détacher de ce que la norme hétérosexuelle rend acceptable est essentiel, même si les différents âges de la vie et les expériences vécues présentent leur lot de contraintes. Les personnes LGBT ont les mêmes droits à exprimer leur attirance sexuelle, leurs diverses orientations et leur identité de genre que les hétérosexuels tout au long de leur vie.
Pour aller plus loin ensemble :
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